Extrait du livre “LES PEINTRES CHARENTES – POITOU – VENDÉE XIXe – XXe SIÈCLES” de Gérard Aubisse

Yvan GALLÉ fit toutes ses études à Poitiers où il suivra également les cours de l’Ecole des Beaux-Arts, avec pour maître Fernand SERREAU{I). Engagé comme dessinateur publicitaire chez “Ariste” (185, Grand’rue de la cité poitevine), il rachète, en 1934, cette agence publicitaire en difficulté et la développe sous son propre nom, en y introduisant des moyens modernes de publicité et de communication.

Débute alors pour Yvan GALLÉ la série des gouaches “modernes” qui ne seront pas reconnues par le public poitevin malgré le soutien sympathique de quelques personnalités de la ville et de journalistes. Yvan GALLÉ fut Sociétaire des Artistes Français, et il obtint une récompense à ce salon. En 1937, il est chargé de la décoration de la Salle Maritime du Pavillon Poitou, Aunis, Saintonge, Angoumois pour l’Exposition Internationale de Paris. Il réalise à cet effet un panneau décoratif de 16 m2, inspiré des sites marins de la côte vendéenne et charentaise. Cette dernière expérience devait lui donner le goût de peindre dans sa propre maison, une importante décoration intitulée : La naissance de Vénusœuvre réalisée avec une parfaite orchestration des couleurs en camaïeux de beige et de vert.

Depuis l’origine du Salon de l’Orientine à Poitiers, Yvan GALLÉ y a présenté ses œuvres de manière irrégulière et si son esprit ouvert à toutes les audaces, déroutait quelque peu le public de cette époque, la démarche intellectuelle de ses compositions était cependant bien réglée. Le dessin rehaussé par une étonnante lumière et le choix extrêmement judicieux des couleurs étaient en parfaite harmonie avec le mouvement pictural des années 30. Cette postériorité et la persistance du style “Art Déco” ne devaient pas convenir à la clientèle poitevine qui attendait une peinture de chevalet plus classique et Yvan GALLÉ sera davantage connu pour ses nombreuses natures mortes et peintures de fleurs qui ont, véritablement, de belles couleurs et beaucoup de relief. Les Dahlias” et les fameux Zinnias” dans des pots de cuivre, ou les Roses de Noël”, viendront enjoliver quantité de salons bourgeois à Poitiers et alentour. Parmi les œuvres exposées au Salon de l’Orientine (presque exclusivement des gouaches), il faut citer les titres suivants : Sainte Radegonde, La Dame aux Carrefours, Nostalgie, La Baie des Palmes, La Grande Ourse, Tristan, Eté, Paysage limousin, Bateau ivre, Le Cantique des Cantiques, L’île des Hespérideset un panneau décoratif.

Le peintre présentait parfois des dessins publicitaires. Yvan GALLÉ a réalisé de nombreux décors peints pour une clientèle particulière et publique. En 1950, l’Université de Poitiers lui confie la décoration du restaurant universitaire, de la rue Roche d’Argent; il imaginera ici une évocation de la vie estudiantine à l’époque de RABELAIS. Ses décorations d’intérieur façon “fresques” sont souvent réalisées sur des thèmes régionaux (Mélusine, Charles-Martel, Jeanne d’Arc, les Cours d’Amour, thématiques moyenâgeuses, légendes…).Dans les années 50, il a participé à diverses reprises au Salon des Amis des Arts de Niort, où il a présenté des gouaches intitulées : Les gaillardes, Nu, Jardin, Nature morte aux fleurs. Il a aussi figuré dans d’autres expositions collectives régionales, notamment à La Rochelle et Châtellerault. On cite parmi ses envois : Nu espagnol, Nu sur les dunes, Grand nu couché, Toits de Poitiers, Le Clain à Dissais, Saint Benoît, etc…. On lui doit aussi quelques paysages vus au cours de ses nombreux voyages (1952-1954), des portraits sur commande, des nus qualifiés de “peinture osée” avant la grande diffusion de Play-Boy.

Yvan GALLÉ a également réalisé de façon confidentielle, l’illustration de quelques ouvrages uniques, écrits et illustrés avec le meilleur goût artistique.L’activité du peintre, qui s’était progressivement réduite à cause de la maladie de Parkinson depuis 1965, cessera totalement quatre années avant sa mort en 1975. Un hommage posthume lui fut rendu en 1993 à la Galerie CARNOT, à Poitiers, lors d’une importante exposition où étaient présentés quarante tableaux des années 40.

© Gérard Aubisse – Auto-Editions Logis de Beaulieu – 79410 – Echiré ISBN 2 – 9506079 – 3 -4