Poitiers : des peintures d’Yvan Gallé du sol au plafond

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Une fresque « osée » recouvre les murs de la salle à manger. 
© (Photo Mathieu Herduin)

À Poitiers, Dominique-Yvan Gallé vit toujours parmi les fresques et les toiles de son père dans la maison du peintre qui ressemble à un musée.

 

 
La lourde porte en fer forgé représentant le lion des armoiries de Poitiers passerait presque inaperçue dans la rue des Carmélites, au centre-ville de Poitiers. Cette fantaisie en annonce d’autres, plus étonnantes, à l’intérieur.
Nous sommes ici chez Dominique-Yvan Gallé, professeur d’allemand à la retraite. Nous sommes encore aussi un peu chez Yvan Gallé, son père, peintre gouachiste de profession, décédé en 1975. Encore beaucoup, même !
Ici, tout rappelle en effet cet artiste local, originaire de L’Isle-Jourdain, qui a exécuté environ 2.500 peintures entre les années 30 et les années 60. Des fresques aussi encore visibles au resto U Roche-d’Argent à Poitiers, au château de Vayres à Saint-Georges et dans de très nombreuses demeures du secteur.
« Surpris de voir des fesses »
À commencer par la propre maison de l’artiste, donc, décorée à son goût à la fin des années 1940, rue des Carmélites. L’âge d’or, dans le hall qui conduit au jardin a subi les affres du temps : la peinture s’écaille et le salpêtre fait sûrement son œuvre. « C’est surtout compliqué pour refaire l’électricité », fait remarquer Dominique-Yvan. La peinture recouvre tout, du sol au plafond, y compris les moulures qui cachent les fils électriques.
Le Jardin des Hespérides se découvre dans l’escalier, Le soleil et la pluie dans la chambre à coucher. Mais c’est surtout La naissance de Vénus qui détonne sur les quatre murs de la salle à manger avec son lot de femmes et d’hommes nus, dont plusieurs en position rapprochée sans équivoque. « Je me souviens de l’expression de surprise d’un prêtre venu manger ici un jour quand il s’est rendu compte des peintures », rigole le fils de l’artiste. « Quand des enfants venaient à la maison, ils étaient aussi surpris de voir des fesses. »
Toutes les autres pièces, à l’exception du bureau de Dominique-Yvan, sont couvertes de toiles. Des paysages du Poitou, de Bretagne, d’Autriche, d’Italie, ou encore d’Espagne. « Il peignait des choses classiques. Il avait essayé des choses très modernes dans les années 30 mais les Poitevins n’ont pas compris », regrette-t-il. « Il est finalement devenu un spécialiste des fleurs. Sa grande spécialité, c’est d’ailleurs le bouquet de fleurs dans un vase en cuivre. »
N’est-il pas oppressant de vivre ainsi dans un musée depuis quarante ans ? « Au contraire, j’ai la chance de vivre dans une maison qui sort de l’ordinaire, qui a une âme. Et mes enfants ont eu la chance de grandir dans une maison de famille qui a une histoire. » Dans le berceau posé devant la fenêtre de la salle à manger, sa petite-fille de trois mois qui attend son biberon mesurera cette chance plus tard.